Pas à pas

      C'est parti pour la page "Pas à pas", qui, comme son nom l'indique, explique les étapes de création d'une bande-dessinée. Comme c'était encore, il n'y a pas si longtemps, une profession d'autodidactes, il existe énormément de techniques différentes pour la conception d'une BD. Faites par exemple quelques recherches sur Youtube avec des noms d'auteur connus comme Rosinski, Schuiten, Pratt, Cromwell (j'en passe et des meilleurs), et vous verrez que les techniques sont légion.
      Aujourd'hui il existe des écoles de BD, ce qui a tendance à hausser le niveau global des nouveaux auteurs (ce  qui est super! Surtout du point de vue du lecteur), mais aussi à laisser moins de place pour les dessinateurs amateurs et autodidactes comme moi (ce qui est beaucoup moins drôle). Le second effet de cette professionnalisation des dessinateurs de BD via un cursus scolaire, est que les techniques de l'image sont plus ou moins les mêmes chez tous ces nouveaux auteurs. Moi j'n'ai pas la prétention de faire mieux ou plus original que les autres, je veux juste trouver la technique, même très courante, qui me permettra de faire dans les meilleures conditions et délais, le type de BD que j'aime!
      Pour commencer, on va voir la conception même de la planche, hors technique ou graphisme, simplement d'un point de vue narratif! Pour ça, on va prendre une vieille planche d'Artefact, tirée de l'ancienne version! 
    
Toute nouvelle planche commence par une page texte du scénario que vous pouvez voir à gauche de l'image. Sur cette page, Laurent m'indique case par case, le format de la vignette, le point de vue à adopter (l'angle de caméra si vous préférez), les personnages à mettre en scène, les expressions, les dialogues et autres onomatopées. Bref un descriptif le plus complet possible de la case. En règle général, une scène commence par une case de format honorable dans laquelle on plante le décor. C'est cette case qui nécessite souvent le plus de descriptif. Ici j'ai choisi une planche de milieu de scène, qui plus est, une scène d'action, c'est pourquoi les descriptifs de Laurent sont assez courts. On se concentre sur les personnages! Le décor a déjà été planté sur les planches précédentes, il est devenu "accessoire".
Ensuite, sur la partie de droite, vous avez le storyboard. C'est un procédé, piqué au vocabulaire cinématographique, qui permet de visualiser en quelques coups de crayon rapides, le rendu de la page dans sa transition du texte à l'image. Je ne suis pas un grand storyboarder, si vous voulez voir ce que peut faire un grand, référez-vous au "Petit Livre Rouge (du Storyboard)" d'Olivier VATINE, il s'agît d'une rétrospective des meilleurs storyboard qu'il a réalisé quand il était à la tête du label Série B chez Delcourt. Une façon simple et ludique de déchiffrer le langage de la BD sans se taper des études lourdingues et sous-illustrées. ^^
      Une fois cette étape franchie, on passe à l'étape du crayonné, chez moi elle se fait en 2 sous-étapes : le Rough (traduisez : ébauche ou esquisse) et le crayonné definitif. A l'avenir, le but sera de supprimer l'une de ces 2 étapes. Les très bons dessinateurs réalisent un crayonné rapide, détaillant uniquement les éléments importants d'un point de vue narratif (les visages et expressions souvent) et laisse la finition pour l'étape de l'encrage! Pour ma part, je n'ai pas assez confiance en ma technique d'encrage pour cela (et j'ai bien raison!). Je prends donc le temps de réaliser un second crayonné, très abouti, laissant un minimum de place à l'improvisation lors de l'encrage. Voici ces 2 crayonnés l'un après l'autre :
Le rough : A bien y regarder, on pourrait presque prendre cette planche pour un second storyboard, légèrement plus détaillé, mais pas assez toutefois pour servir de base à l'encrage. Je perds clairement beaucoup de temps à reculer l'étape qui fait peur : l'ENCRAGE!! :-$

Le crayonné définitif : Cette fois trop détaillé, il est rassurant quand vient l'heure de la plume et du pinceau mais il me demande beaucoup de temps.
      Vient ensuite l'étape de l'encrage. Sur ces planches-ci, j'ai encré en direct, c'est à dire, sur la planche crayonnée originale. Ca explique en partie pourquoi j'avais peur de tout foirer et assurai donc mes arrières en détaillant au maximum le dessin au crayon. Je posterai juste après ce pas-à-pas sur la conception un autre sur l'encrage où je vous montrerai une autre technique qui permet d'encrer sur des copies d'originaux, moins de stresse, plus de liberté! En attendant, voilà l'encrage d'époque :
      L'encrage, donc. Rien d'extra-ordinaire puisque réalisé à la plume sur des crayonnés déjà très détaillés. Dans ce cas, il s'agit plus de repassage que d'une véritable étape de création. Mais attention, je ne parle que pour moi! Je connais des encreurs capables de donner du cachet à des crayonnés moyens, et j'espère un jour atteindre leur niveau! A remarquer, sur la planche en question, que je n'ai pas encré les décors pour donner une impression de profondeur... C'était pas ma meilleure idée. lol D'autant que quand on encre en direct, on doit gommer ses planches avant de les scanner (eh oui, sinon le crayon apparaît et ça fait pas toujours très propre). Donc là, en clair, je me suis économisé l'encrage des décors, mais imposé un gommage des personnages uniquement... Gain de temps : nul, rendu... nul aussi ;)
      Comme vous l'avez peut-être remarqué, au cour de la création de cette planche, des transformations se sont opérées, et on s'est quelque peu éloigné de la version de base de Laurent. A noter que chaque changement, même mineur, à fait l'objet d'une validation par le scénariste. Mais passé l'encrage, souvent pendant la colorisation, une avant-dernière étape venait s'imposer d'elle-même, la mise à jour dialogue :
C'était devenu quasi systématique, chaque planche se voyait transformée durant sa conception et les changements visuelles apportaient une nouvelle réflexion sur les dialogues, qui finissaient invariablement par se caler à l'image. Normalement ce n'est pas comme ça que ça devrait se passer et le visuel devrait se caler au texte, mais voilà, chez nous ça se passe comme ça! :)
      Dernière étape : La mise en couleur! Alors je ne vais pas revenir en détail sur ce point étant donné que je l'ai déjà fait ailleurs sur ce blog (page historique, je crois). Disons simplement que la couleur, dans un premier temps, on va laisser ça aux gens compétents. :-(
      Et c'est ainsi que se termine ce pas-à-pas sur la conception d'une planche. Encore une fois, cela ne fait que la démonstration de "NOTRE" méthode de travail, qui balbutie et continue à évoluer. D'ailleurs, une petite mise-à-jour ne tardera pas à suivre, montrant la façon dont dont cette méthode a d'ors et déjà laissé place à une autre pour la réalisation des 5 planches publiés en janvier 2013. 

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