Historique

Faisons donc un historique rapide d'Artefact.
En effet, Artefact n'est déjà plus tout jeune, c'est un projet destiné tout d'abord à être une nouvelle que Laurent a écrit et m'a fait lire, si ma mémoire est bonne, entre 2001 et 2002. J'en avais alors dessiné un personnage qui m'avait particulièrement inspiré (Lantayrn pour la petite histoire). L'enthousiasme a été réciproque et contagieux et on a décidé d'adapter cette nouvelle en BD.
Le résultat est le témoin de mon jeune âge de l'époque (20ans et autodidacte : Aïe! A vot' bon coeur m'sieur dames, soyez indulgents). Vous trouverez ici les 5 premières planches de cette version de 2002, qui en comptait 28 et qui était mise en couleur à la gouache aquarellée :


Cette première séquence mettait en scène les personnages de Iero (le vieux monsieur) Io (le gars aux cicatrices) et Skell ( le monstre mi-homme/mi-serpent) au sein d'une sorte d'école. Des persos et un lieu qui ont complètement disparus de la version actuelle.
On peut remarquer, à l'absence quasi-totale de décor sur cette scène, mon aisance dans  ce domaine. ;)
Le découpage des cases entre la BD franco/belge, le manga et le comics, sont la preuve de nos multiples références, mais aussi et surtout du manque d'identité de cette première version.
Comme on peut le voir sur la dernière case, l'anatomie était aussi un problème récurrent déjà à l'époque.
Nous avions tenté d'adapter la nouvelle de Laurent au mot près, sans réécriture préalable pour le  format BD, ce qui pouvait donner des planches comme celle-ci, 13 cases, aucun dialogue... :)


Suite à cette tentative infructueuse (non pas que l'on ai tenté de la faire éditer mais la réalité nous a vite rattrapé), Laurent est parti vivre plus loin après une mutation de poste, j'ai quant à moi été happé par le monde du travail (que j'avais jusqu'alors fui comme je pouvais : fac/formation/petits jobs foireux...) et suis devenu libraire dans une grande surface culturelle (Cultura à Barentin). De là, une longue période de veille créative s'est installée, et ce n'est qu'en 2007 que Laurent et moi avons tenté de remettre le projet Artefact sur les rails. 
Mais pas de n'importe quelle manière. Il nous fallait savoir si nous avions le niveau nécessaire pour intéresser les éditeurs. Ca paraît ahurissant aujourd'hui que l'on ait pu se poser cette question, dont la réponse était évidemment NON, mais à l'époque nous ne savions absolument rien du métier et nos seules armes étaient notre envie et notre passion. Nous avons alors,via une connaissance en commun, contacté Thierry Cailleteau (qui est, avec Olivier Vatine (et d'autres), l'auteur du célèbre Aquablue). Il a été assez sympathique pour nous rencontrer et donner son avis sur nos gribouillages.
Une petite claque dans la gueule ne fait jamais de mal si on l'accompagne d'un bon coup de pied au cul. Et c'est un peu ce qui s'est passé. On était vraiment loin du compte et on avait besoin de l'entendre. On a aussi pris en note tous les conseils qu'il nous a donné, et les bouquins de référence à se procurer (Will Eisner, Michel Chion...) et c'était reparti!
Voici les 5 premières planches de cette version (qui n'en comporte pas plus, de toute manière), restée à l'état de crayonné :


Dans cette version, la première séquence avait simplement été réécrite mais mettait en scène les même protagonistes que dans la version précédente.
On peut tout de même remarquer que l'ambition des décors avait été revue à la hausse... Même si les problèmes de perspectives n'en paraissent que plus flagrants. :( 
Des codes de la BD toujours en roue libre, mais une mise en page plus constante et cohérente.
Encore des problèmes d'anatomie et un choix de plans qui trahi le fait que le dessinateur en est bien conscient (c'est déjà ça). Au passage, la case centrale a été littéralement décalquée de la version précédente (shame!).
Mais tout de même quelques moments de fulgurance comme le champs/contre-champs  en case 1 qui reste une bonne idée et apportait une identité plus personnelle à cette version... Enfin je crois. 


Tentative de nouveau avortée. Même si elle nous a tout de même permis de nous rendre compte que mon niveau en dessin ne me permettait pas de concilier un travail à temps plein et la réalisation d'une BD.
En effet, il me paraissait maintenant très clairement que le chemin à parcourir était énorme et, bien que ma marge de progression l'était aussi (ce qui est plutôt une bonne nouvelle), atteindre le niveau nécessaire à l'édition du projet allait me demander beaucoup de temps et d'investissement. Mais il n'est pas si facile de se lancer à corps perdu dans une entreprise aussi hasardeuse que la Bande Dessinée.
Quelques années s'écoulent donc encore et c'est en 2011, que ma compagne Clara et moi-même avons commencé à mettre au point un plan d'avenir qui me  permettrait de consacrer toute mon énergie à ce projet. 
C'est donc en avril 2012 que je quitte mon poste, après six ans de bons et loyaux services, pour devenir dessinateur (ou du moins, tenter de le devenir), et Laurent et moi remettons le couvert pour une troisième version d'Artefact. Cette fois, bien conscient de mes lacunes, il va falloir bosser dur sur la mise en couleur, l'anatomie, les décors, la perspective... bref, un nouveau travail à temps plein.
Il en découle une nouvelle version, très différente du point de vue du scénario et une nouvelle technique de mise en couleur (photoshop et palette graphique).
En voici les 10 premières planches :


Ici les couleurs trop vives et/ou trop sombres rendaient la planche illisible. Dommage, le travail sur les décors aurait mérité d'être apprécié. On appelle ça une balle dans le pied je crois. :(
En désaturant la dernière case, on obtenait déjà quelque chose de moins violent :D.
Encore aujourd'hui l'une de mes planches les plus réussies au niveau encrage. Malgré ses autres défauts.
Cela aurait mérité de respirer un peu plus. Et c'est le cas de ces 4 premières planches. C'est pourquoi nous avons assez rapidement décidé de les abandonner au profit d'une réécriture de toute la première scène. Après tout c'est la première impression du lecteur, il s'agirait de ne pas se planter.
Voilà donc la scène présenté aux éditeurs! Elle met en scène les personnages d'Argus (le blond)  et Gordo (le gros balèze).
Des couleurs plus lisibles, malgré une mise en scène plus punchy. Mais toujours pas convaincantes.  On continue le combat!
A ce jour, la mise en scène me paraît toujours réussie, pas totale, car le tout reste trop verbeux, mais une réussite tout de même.
Trop de bleu tue la page!!!

Des petits effets sympathiques et qui ne trahissent pas le dynamisme de la scène, mais les couleurs restent un problème et donnent  au tout un effet plastique bien loin du rendu escompté. C'est décidé, je vais mettre de côté la palette graphique pour un temps.
Le tout mérite d'être allégé pour plus de lisibilité mais ça a suffit à arracher aux éditeurs quelques compliments et encouragements qui nous ont permis de nous rebooster pour relancer le projet sur des bases plus pros!


En septembre 2012, à l'occasion du premier festival BD Delcourt/Soleil à Bercy Village, Laurent et moi avons participé à un speed booking, qui, comme son nom l'indique, se rapproche du fameux speed dating, sauf qu'on ne cherche pas ici à charmer les représentants des maisons d'éditions (quoique...) mais à les convaincre de la viabilité de notre projet BD. Ce sont certaines de ces planches que nous leur avons présentées.
Il en découlera le sentiment de ne pas encore avoir notre place dans ce petit monde (car nous n'avons pas été "repérés") mais de ne pas être si loin que ça du St Graal (des mots comme "encourageant" ou "prometteur" dans la bouche de ces gens qui ne mâchent pas leurs mots, sont un soulagement) ! Plutôt positif donc! D'autant que les remarques (bonnes et mauvaises) furent légion, nous permettant une nouvelle remise en question, mais cette fois, sur des avis concrets de professionnels de la BD. Tiendrait-on le bon bout?
Dans le cadre de la préparation à ce festival, deux nouvelles planches furent réalisées. Il s'agit de la réécriture de la première scène. De loin les plus proches du résultat escompté, nous ne savons pour le moment pas si elles seront dans la version finale (sous cette forme ou une autre) puisque le projet est une nouvelle fois en phase de réécriture (espérons la dernière!), c'est pourquoi elles sont encore au stade du crayonné :


Plus réussi au niveau anatomique mais trop récent pour pouvoir en juger de façon objective.
Comme pour la planche précédente, dans les espaces vides devaient figurer les dialogues. Un petit reproche tout de même sur le trop grand nombre de case... 14, un record! :D


Tout ce que nous savons, c'est que si elles passent l'étape de l'encrage, elles n'iront pas jusqu'à la mise en couleur, puisque nous avons décidé que mon niveau en couleur n'était pas suffisant, et que j'allais me consacrer à améliorer encore mon dessin, où ma marge de progression est moins grande, et le but à atteindre logiquement plus proche! Plus de couleur sur les planches donc... En tout cas, pas par moi ou du moins, pas dans l'immédiat. La suite de l'histoire d'Artefact, vous la trouverez dans les rubriques Recherches et Planches, où je vous présenterais nos nouvelles créations!

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